Le printemps va t-il rapidement s’installer en février ?

Jusqu’à présent, c’est un hiver 2021/2022 qui peut paraître « normal ». En effet, c’est un froid sec qui s’impose depuis plusieurs semaines avec de nombreuses gelées nocturnes en altitude, dans les vallées et même en plaine. Le temps est relativement doux les après-midi et responsable de fortes amplitudes thermiques. En revanche dans les plaines exposées aux nuages bas, les températures maximales sont restées plus basses. L’enneigement est convenable dans les Pyrénées grâce à l’occurrence de deux épisodes pluvio-neigeux notables début décembre et début janvier. L’on note quand même un épisode de grande douceur entre fin décembre et le 1er janvier, mais celui-ci a été assez bref. Pour le reste, c’est un temps calme anticyclonique qui est ultra dominant avec des inversions et du froid radiatif (nocturne), à ne pas confondre avec le froid d’advection (de masses d’air).

On va vous le dire tout de suite, ce temps « ultra anticyclonique » en hiver n’est pas normal ! Cela peut l’être effectivement en hiver, mais pas sur de si longues périodes ! Ce phénomène semble hélas s’amplifier depuis plusieurs hivers, notamment depuis 2014/2015. Cette année, nous avons clairement beaucoup de chance dans les Pyrénées d’avoir un manteau neigeux aussi durable. Les deux précédents épisodes neigeux ont été en notre faveur contrairement à d’autres massifs français (Alpes du Sud par exemple où l’enneigement est très déficitaire). Nous avons également de la chance, car nous nous trouvons du bon côté de l’anticyclone, ce qui favorise ces gelées nocturnes et une masse d’air douce sans excès en journée. Comme l’air reste frais et sec, la neige fond peu. Nous observons un plateau:

Conséquence d'un temps froid et sec depuis le 10 janvier, la surface enneigée des Pyrénées reste bloquée sur un plateau… Pour l'instant skieurs et randonneurs se régalent ! https://t.co/0QoEY7TI5B pic.twitter.com/YKzy0jW30Z

— Simon Gascoin (@sgascoin) January 30, 2022

Malheureusement, cette tendance favorable pourrait s’inverser progressivement en février. Le blocage anticyclonique est prévu de se maintenir encore plusieurs semaines et devrait même nous advecter de l’air de plus en plus doux en altitude. En effet, le flux devrait rester mou mais virer légèrement à l’ouest-sud ouest. De plus nous arrivons en février et le soleil commence à monter plus haut et chauffe davantage.

Les quelques flocons qui vont tomber ce 31 janvier au dessus de 1000m pourraient donc être les derniers pour un long moment. On constate que le Jet Stream, ce courant de vent qui fait office de limite entre les masses d’air polaires et subtropicales est beaucoup trop au nord. Le vortex polaire peine à descendre vers le sud et les hautes pressions subtropicales au sud de ce jet stream sont « indéboulonnables »

Jadis, nos hivers français étaient dominés par ce fort courant d’ouest dépressionnaire (le fameux zonal). Désormais cela devient banal, tout ceci remonte trop au nord. Nous nous retrouvons ainsi englués dans l’anticyclone et une masse d’air doux plus au sud.

Cette saison hivernale 2021/2022, notre anticyclone a présenté deux faiblesses : au cours des deux épisodes pluvio-neigeux de début décembre et janvier. Quand ce Jet stream est parvenu à onduler, nous plaçant en flux de nord ouest, mais avec toujours une courbure anticyclonique ! Ce qui explique le fameux gros redoux habituel à chaque fin d’épisode, qui est lié à l’écrasement rapide de l’anticyclone sur nous :

Peut-être qu’un troisième épisode de ce type se reproduira d’ici la fin de l’hiver, mais cela semble actuellement presque impossible dans les 15 jours à venir. Notre climat se réchauffe et change incontestablement. Il a tendance à se tropicaliser ! Pendant ce temps, la Chine s’apprête à organiser avec fierté des Jeux Olympique sur de la neige artificielle ! Tout va bien, ne changeons rien.

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