Les années se suivent et ne se ressemblent pas… après une année 2018 particulièrement orageuse sur les Pyrénées et ses environs, l’année 2019 est tout à fait paradoxale ! En effet, la saison estivale a été marquée par des conditions anticycloniques durables, avec de nombreuses périodes de chaleur. Peu de perturbations ont réussi à atteindre le sud de la France, si ce n’est pour apporter des nuages bas dans les plaines et sur les versants nord pyrénéens. En langage météorologique, nous parlons de « talweg Atlantique » ou de « goutte froide » qui habituellement sont responsables du déclenchement d’orages, mais qui cette année n’ont pu s’infiltrer « proprement » dans les hautes pressions et les masses d’air chaud.
L’est de la chaîne pyrénéenne a été très épargnée par les orages cet été. Ils se comptent sur le bout des doigts entre l’Ariège, l’Aude et les Pyrénéens-Orientales, à la petite exception du Haut-Vallespir. En effet, ce secteur fait figure d’exception, avec son climat particulier. Les orages s’y forment souvent par flux d’ouest à l’avant des entrées maritimes qui s’étalent le long du piémont des Pyrénées-Atlantiques à l’Aude. Les talwegs Atlantique passant plus au nord vers les îles britanniques où le nord du pays, les orages se forment quand même dans ce contexte sur les massifs des Pyrénées-Orientales ainsi qu’en Catalogne.
Sur l’ouest de la chaîne, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées ont un meilleur bilan kéraunique qu’à l’est, mais restant là aussi inférieur à la normale. Ces secteurs ont profité de leurs emplacements géographique (plus proche de l’océan) et donc plus proche du dynamisme des talwegs, qui ont pu apporter quelques orages.
Dans les plaines, la région toulousaine a tiré son épingle du jeu avec quelques orages, parfois violents ! On se souvient de l’orage « dévastateur » du 19 juin dernier où le sud de Toulouse a été impacté par un orage supercellulaire, avec des rafales de vent à 130km/h et des intensités pluviométriques temporairement très importantes. Comme quoi, un orage très violent peut survenir même au cours d’une année très pauvre en orage !
En ce mois de septembre, on en parlait la semaine dernière, la neige a fait son retour dans les Pyrénées ! Pour que la neige revienne si tôt en montagne en cette saison, on est d’accord qu’il faut de l’air froid en altitude ! Cet air froid fut advecté par le décrochement d’un talweg sur le golfe de Gascogne, qui transita ensuite en goutte froide sur l’Espagne. Tout ce dynamisme à proximité des Pyrénées, vous vous rendez compte ! On avait pas vu ça depuis longtemps… Le passage de l’air froid en altitude pile sur les Pyrénées a provoqué les premières chutes de neige en montagne, mais cet air froid a continué malheureusement son chemin sur l’Espagne, ce qui n’a pas fait bon ménage là-bas ! Le choc thermique entre les basses couches très réchauffées de l’Espagne et de cet air froid en altitude ont provoqué des orages désastreux.
Alors que le beau temps chaud et anticyclonique est revenu rapidement côté français, le temps est resté très agité sur l’Espagne mais de moins en moins au fil des jours. Cette goutte froide se comblant peu à peu… Mais depuis ce week end celle-ci remonte en direction des Pyrénées !
Tout ceci explique le retour des orages en montagne et localement dans les plaines depuis ce week end. On parle d’atmosphère instable : les basses couches sont réchauffées avec des températures de 25 à 30°c et en altitude les températures diminuent fortement plus on monte. (-12°c à 5000m). Il s’agit d’une situation propice pour déclencher des orages.
Mais pourquoi ces orages se forment-ils essentiellement en montagne ?
Quand une goutte froide est en phase de comblement, on parle souvent de marais barométrique. Une situation météorologique qui n’est ni dépressionnaire, ni vraiment anticyclonique. Pendant la saison « chaude », de avril à septembre, cette situation peut apporter des orages, notamment en montagne. La faiblesse du flux et l’instabilité atmosphérique qu’elle provoque, est propice au déclenchement d’orages orographiques. Le manque de dynamisme nécessaire aux processus de convection est apporté par les montagnes par l’intermédiaire des brises de pente. L’air chaud au sol est ainsi envoyé plus facilement en altitude et au contact de l’air froid, un orage se développe.
Cette semaine se caractérisera donc par des orages de ce type. Les orages seront nombreux en montagne entre mardi et jeudi, essentiellement en cours d’après-midi. Il faudra s’attendre à des orages parfois forts localement, notamment mercredi avec un risque de débordement sur les plaines. Vendredi pourrait marquer un court répit orageux, avant un week end à nouveau bien instable. Un épisode méditerranéen ou cevenol est à redouter !
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